Les mesures actuelles pour le maintien des prairies ne sont pas efficaces
La France devrait mettre en place un « plan prairies » pour la prochaine Pac avec des mesures incitatives plutôt que contraignantes pour protéger les prairies permanentes, selon le service de prospective du ministère de l’Agriculture (CGAAER).
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Les dispositifs actuels de la Pac ne sont pas efficaces pour « enrayer la disparition des prairies permanentes dans certaines régions et peuvent même être contre-productifs et mal compris par les agriculteurs », souligne le service de prospective du ministère de l’Agriculture, le CGAAER (1). Dans un rapport publié le 20 juin 2025, les experts du CGAAER fustigent les règles des BCAE (bonnes conditions agricoles et environnementales) de la conditionnalité qui inciteraient les agriculteurs à retourner des prairies plutôt qu’à les maintenir.
Un ratio régional « contreproductif »
La mesure de la BCAE 1 « maintien des prairies permanentes » est jugée « inefficace, contreproductive et complexe en raison de son calcul au niveau régional sur l’ensemble des surfaces » et encourage « le retournement anticipé des prairies ». Alors que l’organisme souligne que « le maintien des prairies permanentes est crucial pour la biodiversité et le stockage du carbone », notamment pour réussir à atteindre les objectifs de la stratégie nationale biodiversité (SNB) et de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC).
Plusieurs règles de la Pac assouplies (06/12/24)
Aucun soutien direct aux prairies
Le CGAAER questionne aussi la plus-value apportée par la BCAE 9 « protection des prairies sensibles dans les zones Natura 2000 » par rapport à la législation environnementale existante. L’écorégime est considéré comme un bon « soutien aux pratiques vertueuses » de non-labour mais pas comme un soutien direct au maintien des prairies permanentes. L’ICHN (indemnité compensatoire de handicap naturel) « contribue indirectement au maintien des prairies » dans les zones défavorisées, souligne le rapport et les MAEC (mesures agroenvironnementales et climatiques) « sont un outil intéressant mais ne constituent pas un dispositif de masse en faveur des prairies, leur impact étant variable selon les régions ».
Mais le CGAAER est plutôt critique sur les mécanismes existants dans la Pac actuelle. Il recommande de réviser la définition des prairies permanentes et de « porter la durée » de bascule de prairie temporaire à permanente de 5 à 7 ans, ou au moins de prendre en compte le labour des prairies temporaires pour remettre le compteur d’âge à zéro. Les mesures de simplifications pour 2026 de la Commission européenne proposent d’ailleurs de considérer les prairies temporaires comme permanentes à partir de sept ans et non pas cinq.
Un bonus pour les prairies permanentes
Le CGAAER recommande également de remplacer la BCAE 1 sur le maintien des prairies par un « dispositif incitatif » ou au moins de revenir à un ratio de prairie au niveau national. Il suggère aussi de supprimer la BCAE 9 sur les prairies en zone Natura 2000 car ses objectifs « sont déjà atteints » au travers des règles ERMG (exigences réglementaires en matière de gestion) 3 et 4 (2) de la conditionnalité.
Enfin, le service de prospective du ministère de l’Agriculture pousse pour la mise en place d’un « plan prairies ambitieux » dans la prochaine Pac. Il devra comporter des actions de formations et d’accompagnement des agriculteurs vers l’amélioration de leurs systèmes pour une bonne gestion de l’herbe mais aussi « un dispositif incitatif en faveur des prairies permanentes », « soit sous forme d’aide à la surface en prairie permanente, soit sous forme de bonus prairies permanentes ».
La question du financement de cette mesure reste complexe. Le CGAAER indique que le financement à y consacrer est important et qu’une partie des fonds pourrait venir d’une « diminution ou un meilleur ciblage » vers les systèmes herbagers de l’aide bovine et des financements pour les MAEC car certains engagements sont communs.
(1) Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux.
(2) Directive 2009/147/CE « conservation des oiseaux sauvages » et directive 92/43/CEE « conservation des habitats naturels et de la faune et flore sauvages ».
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